Droits de l'homme : Pour un programme delutte contre l'analphabétisme

Droits de l'homme:
Pour un programme de lutte contre l'analphabétisme
Il est aujourd'hui confirmé que l'analphabétisme est une tare et un
fléau social dont l'impact immédiat constitue, en ce début du XXIème
siècle, pour des milliers d'êtres humains, un obstacle majeur contre toute tentative de développement. Portant ainsi une grave atteinte aux droits de l'homme, l'analphabétisme exige de la part de l'homme politique, de l'éducateur, du chercheur, etc., de déployer des efforts intensifs afin d'en extirper les racines.

Depuis l'indépendance du Maroc, on a tenté de lutter contre l'analphabétisme selon plusieurs tentatives sectaires et limitées dans le temps, et dont l'impact demeure trop limité, voire inefficace. Un phénomène d'une grande ampleur n'est susceptible d'être résolu que par l'adoption d'un programme raisonné, étudié, et s'étalant dans le temps, selon des étapes déterminées. Une telle proposition est animée par l'intention de contribuer à la compréhension de ce phénomène social (l'analphabétisme). Avant d'en exposer les grandes lignes, il importe de s'interroger tout d'abord sur la définition de l'analphabète et de présenter ensuite quelques statistiques.
Le mot analphabétisme a donné lieu aux plus longs développements, descriptions et analyses. C'est un terme lourd de sens et fréquemment utilisé sans grand souci de rigueur sémantique, en l'absence de consensus véritable quant à ce qu'il recouvre. C'est à ce type de difficultés que se sont heurtées les instances internationales lorsqu'elles ont entrepris l'élaboration de statistiques mondiales de l'analphabétisme.
Dès 1958, l'UNESCO avait proposé à ses membres une recommandation concernant la normalisation internationale des statistiques de l'éducation dans laquelle l'analphabète est défini comme une personne incapable de lire et écrire, en le comprenant, un exposé simple et bref de faits en rapport avec sa vie quotidienne». Cette définition est reprise dans une publication du Bureau des Statistiques des Nations-Unies où il est en outre précisé: «En conséquence, une personne capable seulement de lire et écrire des chiffres et son nom, doit être considérée comme analphabète, de même qu'une personne qui sait lire mais non écrire ainsi qu'une personne qui ne peut lire et écrire qu'une expression rituelle apprise par cœur». En plus, la Conférence générale de l'UNESCO adopta à sa vingtième session, en 1978, une recommandation révisée concernant la normalisation internationale des statistiques de l'éducation, qui comporte la précision suivante:«Est fonctionnellement analphabète une personne incapable d'exercer toute les activités pour lesquelles l'alphabétisation est nécessaire dans l'intérêt du bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer en vue de son propre développement et de celui de la communauté».
Tel est le portrait de l'analphabète universellement acceptable et susceptible d'être pris en considération dans tout effort de mesure de l'analphabétisme, dont il est indispensable d'étudier le caractère et l'ampleur.
S'agissant de l'effectif d'analphabètes dans la société marocaine, force est de reconnaître que les appareils statistiques nationaux présentent des différences et des insuffisances quant aux informations communiquées. Mais, quelques soient les limites de leurs fondements et de leur utilisation, les données statistiques restent indispensables.  En se basant sur la dernière enquête de recensement de la population marocaine, réalisée en 2004 par le Haut Commissariat au Plan (HCP) et sur  l’ enquête réalisée par le ministère de l’éducation nationale en 2006 et rendue publique en 2007 qui a concerné 12 000 ménages et établissait le taux d’analphabétisme à 38,5% des Marocains. C’est en fonction de ces données et des modèles mathématiques élaborés par les statisticiens du dit ministère que le taux est évalué actuellement  à 34%.
Ce sont là les données fondamentales auxquelles il faudra constamment revenir.
Cela dit, l'analphabétisme est mal connu dans ses multiples dimensions et aspects spécifiquement relatifs à une société déterminée comme le Maroc. Nous nous efforçons dans ce programme de mettre en lumière la plupart des facteurs qui expliquent l’analphabétisme ou conditionnent l'alphabétisation. Ainsi, il est question de mettre en clair l'univers de l'analphabète, ses structures d'action et de connaissance.Cependant, étant  donné l'ampleur de cette problématique et les difficultés de l'envisager dans sa globalité, il est opérationnellement utile de la répartir en plusieurs étapes (études, entre autres)progressives et complémentaires:
- Les relations sociales de l'analphabète avec autrui(types de sociabilité);
- Le système de valeurs lié à l'analphabétisme;
- Structure cognitive et conduite chez l'analphabète.
Outre leur complémentarité et leur caractère limités,ces étapes,
dont chacune comporte un programme d'un plan d'investigation soigneusement arrêté, sollicitent certaines précisions d'ordre général. Tout d'abord, il importe de déterminer le rôle des conditions de vie au sein desquelles se meut l'individu analphabète. Au moins savons-nous maintenant que l'analphabétisme, de par sa répartition (géographique) et de ses aspects quantitatifs(démographiques et économiques),accompagne toujours le sous développement.

Par ailleurs, les rapports de la culture et de l'alphabétisation sont
plus étroits, plus fondamentaux et plus complexes. Quelles conditions préalables devront être remplies pour entreprendre la lutte contre l'analphabétisme dans un milieu déterminé (le Maroc) ?

La détermination de telles conditions nous permet d'estimer convenablement les possibilités de la réussite d'un programme visant
la lutte contre l'analphabétisme.

Ensuite, l'exploration des principaux types de relations prédominants dans l'univers de l'analphabète, permet la mise en évidence de la sociabilité; sociabilité supposée en difficulté par rapport à celle des alphabétisés dans un espace de plus en plus technicisé. Ainsi, la mise en relief du caractère ambigu de tels problèmes d'ordre relationnel, nous permet de prévoir de meilleurs moyens pédagogiques pour venir à bout d'un programme d'alphabétisation.
Enfin, il est utile d'apporter un certain éclairage au système de
valeurs prévalant dans l'univers de l'analphabète. Etant un phénomène
humain et psycho-social, l'analphabétisme influe sur les représentations collectives,les conceptions et les comportements de l’analphabète vis-à-vis d'autrui. Ceci,à travers tout un système de valeurs spécifique et supposé différent de celui des alphabétisés.

L'exploration d’un tel système de valeurs chez 1’analphabète, permettrait la compréhension de son univers et, par la même,l'élaboration d'un programme adéquat permettant de provoquer le changement.

Compris dans ses liens complémentaires et étroits avec les données relatives aux étapes (études) mentionnées ci-dessus, l'analphabétisme pourrait ainsi faire l'objet d'un projet d'alphabétisation efficace, réussi et plus intégré.

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