Modernité et statut social des jeunes

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Modernité et statut social des jeunes

Dans la société traditionnelle, l’enfant et le jeune ont un statut social indéterminé. Seul compte ici l'homme adulte parce qu'il est capable de
produire des biens économique. Mais, la modernité, en inventant les
concepts d'enfance et d'adolescence (dans le sillage du concept d'individu)
et en les introduisant par le biais de l'école et des mass-média dans la
société marocaine, a créé une situation de malaise;
D'un côté, nous avons une société (à peine sortie du modèle
patriarcal) qui refuse, d'une manière générale et pratiquement, à l'enfant et
au jeune le statut d'individu. D'un autre côté, une jeunesse consciente
de son poids dans la société et qui revendique le droit à l'intégration par
le biais de la scolarisation, la formation et, partant, sur la participation dans la vie active, en vue de contribuer au développement sociétal.
A la suite d'une relative stabilité séculaire du corps social, on assiste aujourd'hui à des changements accélérés, dont les conséquences se sont avérées décisives sur le plan de l'intégration et de la formation de l'individu. Ainsi, s'explique l'apparition récente du concept de socialisation et de celui d'identisation (identité personnelle) dans les sciences sociales.
A vrai dire, remettant en cause toute une conception de la société et de ses structures sociales, le concept moderne de socialisation tend à un décloisonnement social. Celui-ci est d'autant plus indispensable qu'il permet aux différents groupes sociaux de vivre, voire de conquérir leur statut de groupes autonomes qui, tout en maintenant des relations d'interdépendance et de complémentarité, s'expriment et évoluent relativement normalement.
En fait, pour se concrétiser, ce processus exige un type particulier d'interactions dont le caractère principal est l'exclusion relative des relations d'oppression et de soumission excessives. Ceci ne voudrait, certes, pas dire la négation et le rejet de l'autorité, quelle qu'elle soit, mais il convient de considérer celle-ci pédagogiquement, en vue de permettre à la personnalité de l'enfant et le jeune de s'épanouir normalement.
Il est temps donc de s'interroger sur les types d'interactions qu'entretient l'enfant avec les agents socialisants dans la famille et l'école et la société.
L’évolution du milieu urbain a changé les structures familiales et, par là même, les conditions de vie des jeunes. Elle a accéléré la transformation de leurs des perceptions, de leurs attitudes, voire de la nature et de la qualité de leur savoir.
Suite donc à la mouvance de ce milieu, qu'en est-il des conceptions des jeunes de la société d'aujourd'hui ? C'est-à-dire, quelles sont leurs attitudes vis-à-vis des normes et des valeurs sociales régulant les
comportements des agents sociaux ? Comment «regardent»-ils et jugent-ils ces comportements ?
Il s'agit pour les jeunes d'une nouvelle société caractérisée par la domination et l'exploitation du «pauvre» par le «riche», par la quête du profit, l'apparition du clientélisme et l'inégalité profonde et injuste entre les diverses classes sociales. «La vie dans la société d'aujourd'hui - déclare un jeune - est répartie en deux blocs : les privilégiés et les marginalisés.
Tout le monde donne aujourd'hui plus d'importance à l'apparence et à l'habillement. Celui qui sait «jouer le jeu» par le biais de la parole et des actes, est considéré par les gens. Ceux qui ont l'argent imposent leur respect aux autres et sont très bien «considérés...».
Cela dit, ne s'agit-il pas sur le plan axiologique et normatif d'une crise qui tout en reflétant la «perte» et le désarroi des parents, se manifeste dans l'indétermination des statuts et des rôles réservés à la jeune génération

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